L’île en dedans

“Rêver des îles, avec angoisse ou joie peu importe, c’est rêver qu’on se sépare, qu’on est déjà séparé, loin des continents, qu’on est seul et perdu – ou bien c’est rêver qu’on repart à zéro, qu’on recrée, qu’on recommence. Il y avait des îles dérivées, mais l’île, c’est aussi ce vers quoi l’on dérive, et il y avait des îles originaires, mais l’île c’est aussi l’origine, l’origine radicale et absolue. Séparation et recréation ne s’excluent pas sans doute, il faut bien s’occuper quand on est séparé, il vaut mieux se séparer quand on veut recréer…”

(Gilles Deleuze – L’île déserte et autres textes)

Ce texte que je découvre* est une révélation. C’est la première fois que je lis, décrite et décryptée, l’attirance puissante pour les îles telle que je la ressentais enfant. Ce temps où je me projetais dans l’imaginaire d’un pan de terre isolé, où l’apaisement de la reconstruction était possible. C’est le rôle qu’a endossé le personnage principal des Îles du santal : Partir à la recherche de celle dont il est séparé et la retrouver symboliquement dans cette île étrangère, cette île que sa disponibilité à la rencontre transforme en nouveau lieu originel.

* Merci à Corinne Benand, chercheuse d’îles

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