L’imaginaire et le réel

“Je hais les voyages et les explorateurs…” Écrivait Claude Lévi-Strauss en préambule de “Tristes tropiques”.

Par cette phrase polémique qui l’a beaucoup desservi, l’auteur entendait se désolidariser des multiples récits de voyages touristiques en vogue à son époque. Sans reprendre à mon compte son aversion, je dois reconnaître que je ne suis pas un grand voyageur. Parcourir le pays qui m’est familier et ne cesse de me parler aurait pu me suffire.
Mais il y a trop longtemps que je rêve de ces îles, où m’ont précédé Radiguet, Melville, Stevenson, London, Gauguin… Jusqu’à ce capitaine de Roquefeuil vers qui le hasard m’a guidé et dont le périple a servi de base aux “îles du santal”. J’aurais pu ne jamais faire ce grand écart qui sépare l’imaginaire du réel. Pourtant, presque à mon corps défendant, je suis entré en contact, j’ai projeté, organisé. La chance est pour beaucoup dans ce passage à la réalité du voyage. Un festival qui se déroule l’année même de la sortie du livre, un accueil favorable de l’ouvrage à Nuku Hiva et enfin, le soutien espéré de la région Aquitaine au projet de tome II.
Ce n’est donc pas un voyage touristique que j’entreprends, mais un voyage dans l’écriture. Dans ce que l’histoire du lieu et l’imaginaire de ceux qui l’habitent provoqueront d’écho à mon propre questionnement. Je voyage au XXIe siècle pour un projet d’écriture qui se déroule au XIXe. Derrière le présent, je lirai le passé, comme un fantôme caché derrière les vivants. Mais ce sont bien les impressions gravées dans mes sens au présent qui donneront sa chair au texte. Un texte forcément d’aujourd’hui.
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